Descente de la rivière Nam Ou

Phongsaly, le Pi Mai se poursuit et notre argentier est à présent à sec. Nous avions réservé notre tuc-tuc pour le lendemain afin de prendre la pirogue qui doit nous faire descendre la Nam Ou. Une autrichienne se joint à nous pour monter dans le bus qui doit parcourir une heure avant d’arriver à « l’embarcadère ». Une pirogue est bien disponible et Philou essaie d’expliquer au propriétaire qu’il paiera à l’arrivée. La communication est difficile et Maria, l’Autrichienne, se propose de nous avancer l’argent pour réaliser le trajet. Ouf nous pouvons monter dans notre embarcation au milieu des sacs et d’une mobylette… C’est parti, au milieu des rapides et de la jungle. Nous devons descendre à deux reprises car le niveau de la rivière est bas en cette saison. Après avoir été chahutés 15 heures dans notre bus, nous voici sur une bonne planche de bois, les genoux au dessous du menton…Est-ce que notre fessier sortira encore indemne de ce parcours, rien n’est moins sur… Mais le voyage se révèle extrêmement plaisant car Maria est une voyageuse qui a vécu 2 ans en Papouasie et qui après des études en business, a repris des cours en anthropologie. Bref, nous échangeons sur la Chine et son impérialisme économique, sur le développement et le rôle des ONG…Notre échange se trouve coroboré par une halte qui voit monter 2 jeunes chinois en répérage pour faire des barrages hydroélectriques sur la rivière. Armés d’appareils photos et faisant des relevés topographiques, ils rendront leur copie auprès de la grande entreprise qui les a missionné pour cette étude de faisabilité. Un des jeunes chinois est persuadé de venir en aide à la population laotienne si pauvre à ses yeux et qu’il compare à la Chine d’il y a 30 ans. Ce sont les nouveaux colons du XXI siècle. Certains laotiens sont d’ailleurs plutôt contents de cette présence car les routes s’améliorent et une minorité profite du commerce. Mais l’environnement est toujours le parent pauvre de cette évolution. C’est plutôt l’inquiétude qui prédomine, mais notre regard d’occidentaux est sans doute biaisé par notre vie quotidienne si facile. Nous saurons dans 20 ans si le Laos a réellement tiré profit de cette invasion. La descente du cours d’eau est jolie et nous arrivons en fin d’après-midi à Muang khua où nous passerons notre dernière nuit au Laos. Le seul bémol est que nous n’avons plus que 8 dollars en poche et que Philou part à la recherche d’une banque qui est toujours fermée…Là l’angoisse augmente car sans argent nous sommes coincés…Maria nous invite à dîner et évite que les filles meurent de faim. Le réveil se fera à 5 h le lendemain et une nouvelle négociation nous attend afin que le chauffeur accepte de nous emmener au Vietnam en étant payé à l’arrivée…Affaire à suivre.